Russie, nous voici ! Nous parvenons rapidement à Saint-Pétersbourg. Terminé le stop, du moins pour la Russie. Non pas que se déplacer en stop soit compliqué, bien au contraire, nous utiliserons même quelques fois notre pouce pour nous déplacer sur le territoire, mais plusieurs raisons nous font changer de mode de transport pendant ce mois :
- L’expérience du Transsibérien, ce mythique Train se déplaçant dans toute la Russie, au travers de rails traversant les 9289 kilomètres du territoire des tsars, de Moscou à Vladivostok !
- La durée de notre visa : 1 mois tout rond, pour des distances aussi grandes, se déplacer en stop nécessiterait plus de temps pour pouvoir profiter convenablement du pays sans passer 15 jours juste à traverser la Russie.
- Notre volonté d’aller nous frotter au mont Elbrouz, 2500 kilomètres au sud de Saint-Pétersbourg.
C’est donc vers 9 heures du matin que nous arrivons dans cette ville majestueuse. Et c’est peut dire. Un Disneyland à ciel ouvert, voilà à quoi me font penser les villes en Russie. Des couleurs, du gigantisme, tout pour vous enchanter le temps d’un instant. Et bien que je ne sois pas (du tout) une personne de la ville, je ne peux que ployer le genou fasse à ce pays dont l’architecture nous rappelle tout à la fois.

En ville, je m’esclaffe plusieurs fois : regarde, on dirait les canaux de Venise avec les gondoles ! Regarde, ça, on dirait Amsterdam les petits ponts ! Et par ici, ça ressemble aux appartements de Paris…et quelle surprise, nous rencontrons un russe avec qui nous échangeons en anglais et qui nous explique que l’architecte ayant construit la ville s’est inspiré de…Venise, Amsterdam et…Paris (et d’autres villes du monde). Bingo ! Nous découvrons la ville pendant 2 jours.


Nous préparons nos affaires et nos provisions, dans deux jours, nous devons prendre le Transsibérien en direction du sud de la Russie, la frontière géorgienne. 2 jours et 2 nuits de train. Quelques marchés et achats de produits frais plus tard, nous nous reposons dans un petit hostel.
Nous découvrons les spécialités russes : Les pirojki. Ces fameux beignets fourrés à la pomme de terre, au fromage, aux légumes ou à la viande : un véritable délice, bien que cela soit similaire à ceux des autres pays de l’Est.
C’est le grand jour. Enfin, après ces 15 000 kilomètres en autostop, nous pouvons nous reposer dans un train. Quelle sensation étrange que celle d’avancer sans avoir à chercher de voiture, sans se soucier de où nous allons être déposés !
Nous expérimentons le Transsibérien, mais les rencontres ne se feront pas dans celui-ci, et pour cause : très peu de personnes se rendent à 2500 kilomètres au sud. Nous en profitons pour dormir, manger, dormir, manger. Le train effectue de nombreux arrêts et nous regardons les paysages se transformer pour laisser place à des zones vierges d’activité humaine.
Aïe. Un mal de ventre, de la diarrhée pour moi…J’espérais que cela soit passager, mais ce moment signe le début d’une maladie très longue et dangereuse. Sehriban se porte bien.
Les deux jours dans le train n’aideront pas mon mal de ventre à passer. Nous arrivons à Mineralnye Vody (littéralement, « eau minérale ») au petit matin. Nous sommes tout de suite accueillis par un taxi qui nous propose de nous déposer à Terskol, dans les montagnes du Caucase, à quelque 150 kilomètres, et ce, pour une bouchée de pain. Nous acceptons immédiatement, il était prévu d’utiliser les transports russes de toute manière et notre visa s’écoule à la vitesse de la lumière. Déjà cinq jours que nous sommes en Russie. Je maudis ces limites de temps. D’autant que nous apprenons que le président Poutine, après la coupe du monde et la victoire de la France, annoncera que comme tout s’est parfaitement déroulé sur son territoire avec les touristes, il autorise les gens possédant le « Pass-ID », (le fameux pass permettant de bénéficier des trains gratuits et de bouger où l’on veut en Russie pour la coupe du monde) à rester sur le territoire russe pendant…toute l’année. Si nous avions su ça avant, nous serions restés en Russie quelques mois…
Sehriban continue d’apprendre le Russe depuis plus d’un mois, à l’aide de diverses applications et sites internet, et les progrès qu’elle fait sont tout simplement spectaculaires. Je l’entends discuter, donner des indications au chauffeur en russe, avec une certaine aisance ! Pour ma part, je me suis arrêté à l’apprentissage du cyrillique, ne voulant pas approfondir cette langue.
Les routes sont piétinées par de nombreuses vaches bouchant le passage à de nombreuses reprises, nous rappelant les montagnes de Roumanie, près de Rasinari ! Un nombre incalculable de policiers et militaires sont présents dans cette région. À vrai dire, il se trouve que cette région est la moins recommandée par les autorités russes, en raison des tensions diplomatiques et la promiscuité avec la Géorgie. Nous lisons sur le site de l’ambassade : « En raison de la prévalence de pratiques religieuses plus rigoristes, de l’apparition de foyers urbains de radicalisation islamiste et de l’existence de mouvements terroristes, la situation sécuritaire demeure instable dans la république du Caucase. Les déplacements sont déconseillés sauf raison impérative. »
Quel meilleur impératif que l’ascension d’une montagne ? (rires)

Nous avançons dans le taxi en direction de Terskol, le tout dernier village accessible dans les montagnes du Caucase, et le mont Elbrouz se dévoile un peu, avant de disparaître une fois arrivés à Terskol. Mon mal de ventre est toujours là, quelle galère. J’essaie de l’oublier, mais ça tiraille dans tous les sens.
Il fait plutôt bon pour un village situé à 2500 mètres d’altitude. Nous prenons nos marques et parcourons le petit village. Ce dernier se traverse entièrement en 10 minutes à pied. Nous voyons beaucoup de mosquées depuis notre arrivée dans les montagnes. La promiscuité avec la Géorgie (la frontière se trouvant à 10 kilomètres) se fait bien ressentir, et la communauté musulmane prédomine à Terskol. Nous découvrons également que certains vendeurs parlent un mélange de Turco-géorgien-russe, ce qui nous permet de communiquer certaines fois.
Nous rejoignons notre hôtel après avoir pris soin de louer tout le matériel pour l’ascension : Crampons, chaussures, bâtons de marche, etc. Nous sommes cependant déjà relativement bien équipés pour ce qui est de la résistance au froid.
[…]
[…] Pendant notre ascension, nous rencontrons Dimitri et son ami, deux Russes venus expérimenter le mont Elbrouz. Nous échangeons pendant 2 jours et passons du temps ensemble entre acclimatations et repos. Dimitri, en dépit d’un mal de tête, décide de tenter le sommet le dernier jour, en prenant plusieurs drogues qu’il nous proposera de partager, chose que nous refuserons. Dopé comme un cheval de course, il gravit rapidement le sommet seul et nous rejoint, les yeux injectés de sang, les pupilles complètement dilatées, complètement drogué par ses produits. Son ami quant à lui tombe terriblement malade au-delà de 4000 mètres et décide de retourner en bas de la montagne et d’abandonner […]
Nous sommes de retour après cette ascension, 5 jours plus tard, fatigués, mais heureux d’avoir pu piétiner le toit de l’Europe. Mon mal de ventre empire…les douleurs sont spasmodiques, je ne me sens pas bien, heureusement pour moi, les douleurs disparaissent totalement la nuit, ce qui me permet de me reposer correctement…jusqu’au matin. Il va falloir me soigner, mais ici, c’est mission impossible. La qualité des soins étant une véritable hécatombe, et mon état nécessitant des analyses et non de simples médicaments prescrits sans connaitre la cause de mon mal, chose que nous expérimenterons plus tard en Russie.
Nous remontons dans le train en direction de Moscou. Quel plaisir de rencontrer une Russe…professeur d’anglais et parlant français également ! Nous échangeons pendant les 2 jours qui suivent sur la situation en Russie entre autres. Olga déplore la situation russe. Nous nous accordons sur le fait que le territoire russe est immense et qu’il est bien triste que la plus grande nation du monde (en terme de territoire) importe autant de légumes des pays étrangers, quand on sait qu’avec autant de terres, cultivables pour la plupart, ils pourraient fournir de la nourriture à tous les pays du monde tout en étant autosuffisants eux-mêmes.
« Olga, que penses-tu de Poutine » ?
« Je n’ai pas grand-chose à dire sur lui. Si ce n’est que je pense qu’il est très mal entouré, beaucoup profitent du système russe, je parle des politiques, de ses soi-disant amis. Et puis…mes parents et moi nous n’allons pas voter, car de toute façon, même si l’on vote contre Poutine, les votes ne sont pas pris en compte et il sera président quand même. »
Nous échangeons nos contacts, et arrivons enfin à Moscou au petit matin.
« TAXI ! TAXI ! TAXI ? »
Décidément, se faire agresser à la sortie des gares, on ne connaissait pas, en autostop, nous sommes loin de tout se brouhaha, ces situations sont nouvelles pour nous.
« NO TAXI, NO TAXI ! » Ils insistent quand même. Je les regarde et lance un : « AUTO-STOP FREE TAXI » ? D’un coup, plus aucun taxi n’est intéressé par moi. (rires)
Nous continuons en direction de notre hostel et découvrons la légendaire Moscou.

Que dire sur cette ville…le nombre de préjugés que nous avons sur la Russie est, je pense, réellement entretenu par les médias, et ce, depuis la guerre froide. La France n’aime pas la Russie. La France (entendez, les médias) aime descendre la Russie. Et bien nous allons nous faire le plaisir de casser quelques préjugés.
La Russie est propre. La Russie est sécurisée. Bien plus qu’en France. Des policiers sont omniprésents, à (littéralement) CHAQUE coin de rue. Des portiques de sécurité sont placés à chaque entrée de bâtiments, magasins et même de certaines places, et même si cela peut représenter une certaine pression pour les touristes non habitués, in fine le résultat est là : Très peu de terrorisme, peu de vol dans la capitale (en comparaison à Paris), et une sensation de sécurité omniprésente. La Russie est éduquée et respectueuse. En témoignent des peintures postées sur de simples murs de la ville, à hauteur humaine, à titre décoratif. Essayez de mettre une peinture faite main en décoration sur un mur parisien, deux solutions : Soit il termine tagué, soit, soyons honnête, la peinture ne tient pas la nuit avant d’être volée, sans surveillance. J’aime la France, mais je refuse que l’on continue de penser que la Russie est dangereuse. Le mauvais endroit au mauvais moment, comme partout. (Nous en ferons les frais, à Irkoutsk.)
Mon mal de ventre semble se calmer. Je tente de me soigner en buvant du kéfir, en prenant quelques plantes et cela semble aller en s’améliorant.
Nous retrouvons à Moscou notre ami Russe rencontré pendant l’ascension de Elbrouz, le fameux drogué qui nous invite au restaurant !
Pendant notre séjour à Moscou, nous anticipons et décidons de faire la demande de Visa Chinois après avoir entendu dire que ce dernier était impossible à réaliser en Mongolie en ce moment. Nous nous rendons donc au consulat chinois, et à part le sketch où l’on nous demande de mettre des sur-chaussures en plastique, tout se passe très bien, le formulaire rempli, le visa nous est délivré le surlendemain. Prix du visa pour deux : 90€

Après quelques jours passés à Moscou, nous devons continuer vers l’Est à bord du Transsibérien, le vrai cette fois, celui parcourant les steppes, les toundras et nous rapprochant de notre but : Le lac Baïkal.
Nous prenons des provisions et arrivons à la gare de Moscou pour embarquer. La tradition veut que vous vous asseyiez sur les sièges de la gare avant de monter dans le train. Nous faisons honneur à la tradition en attendant notre train.
Le Transsibérien…cela fait plus d’un siècle que le tsar de toute la Russie a décidé qu’il fallait une ligne de chemin de fer qui permettrait d’alimenter en armes et en munitions la flotte du Pacifique. Un peu plus de neuf mille kilomètres à travers la Sibérie. Le voyage à l’époque prenait des semaines. Sept jours et sept nuits suffisent aujourd’hui.
Qu’est-ce qui rend ce train si mythique ?
- La promiscuité « forcée » avec les autres passagers. Forcés de socialiser, la route est longue, on ne peut rester dans son coin.
- Traverser 5 fuseaux horaires en plusieurs jours
- Voir les paysages se transformer au fil des heures, des jours…
- Rencontrer des locaux, trinquer à la Vodka pour un oui, pour un non…
- Manger, dormir, discuter, lire, manger, dormir, boire du thé, dormir, manger, discuter…
- Traverser 990 gares…
Dans le Transsibérien, on ne sort jamais du train, sauf sur le quai pour se dégourdir les jambes pendant les (très) nombreux arrêts. Ces arrêts varient entre 2 minutes jusqu’à 45 minutes, avec la précision d’horloger suisse. Aucun retard, le train part et arrive toujours à l’heure, SNCF, si tu lis ce message…
Chaque wagon est habité par la Provodnitsi. Votre « Maman du transsib’ « . Si vous avez besoin de quoi que ce soit, c’est par elle que vous devez passer. Elles sont adorables bien que souvent sévères dans leur façon de vous fixer aux premiers abords, souriantes pour la plupart, et feront tout leur possible pour vous faire passer un bon séjour à bord de ce train d’une austérité toute soviétique que les peintures égayent à peine. Votre Provodnitsi, vous la gardez pendant tout le trajet.
Les trains sont partagés en différentes classes :
- La première classe : 2 passagers par compartiment qui contient 2 couchettes, 1 tablette, 2 coffres à bagages.
- La deuxième classe (ou koupé) : 4 passagers par compartiment fermé, 4 couchettes, 1 tablette, des prises électriques, 2 coffres à bagages sous les sièges, climatisation/chauffage, chaussons et brosses à dents jetables. (Nous l’avons pris au retour de Mineralnye Vody, en direction de Moscou, car plus de places en troisième.)
- La troisième classe : Wagon-dortoir, sans compartiments fermés. Il est composé de compartiments ouverts de 4 couchettes et de 2 lits superposés dans l’allée. (Nous l’avons pris à l’aller pour nous rendre à Mineralnye Vody et la seconde fois pour nous rendre à Irkoutsk).
À notre disposition, un samovar avec de l’eau bouillante nous permet de préparer thé, café ou encore soupe.

Pour vivre l’expérience avec les locaux, c’est bien évidemment la troisième classe qui est conseillée.

Le train part, laissant place à une nostalgie d’un moment pas encore vécu. Comme si l’on se préparait déjà à descendre et à regretter de ne pouvoir revivre cette expérience. Le temps semble s’arrêter. D’ailleurs le temps prend tout son sens dans ce train. Nous observons autour de nous : des Russes, des Russes, et…deux Argentins, deux Françaises !
Après avoir sympathisé, nous formons un petit groupe de 6 personnes et restons ensemble pendant tout le trajet.

Mon mal de ventre revient. Décidément, je prends la décision de me faire soigner à Irkoutsk.
Nous passerons de longs moments à discuter de tout et de rien, nous laissant bercer pendant plusieurs jours par la houle du train, non sans rappeler celle d’un voilier. Nous rencontrerons un groupe de jeunes filles Russes, entre 13 et 17 ans qui viendront s’installer avec nous pour discuter, très curieuses de voir des étrangers. Elles nous laisseront en cachette des petits mots sur nos lits pendant notre absence : « Welcome to Russia ».
Nous échangerons également avec cet homme Russe, 62 ans, ayant commencé à apprendre l’anglais pendant sa 61e année par lui même, utilisant son petit dictionnaire anglo-russe pour communiquer avec nous.

À chaque arrêt, c’est l’heure de se dégourdir les jambes…devant la porte du train, une pancarte indiquant les heures exactes des arrêts, le nom des villes et la durée de l’arrêt. Ce qui nous permet pendant les longs stops, d’aller nous promener et d’acheter quelques pirojki aux vendeurs des quais.

Nous parvenons à Irkoutsk…et c’est un choc auquel nous ne sommes pas préparés : Il fait 9 degrés, alors qu’il en faisait 30 à Moscou. Une petite photo devant le transsibérien, on se dit tous au revoir, et nous donnons rendez-vous le soir pour partager un dernier moment ensembles autour d’un verre.
Nous fêtons nos 6 mois de voyage, 15 000 kilomètres uniquement en autostop auxquels viennent s’ajouter les 7000 kilomètres de Transsiberien, une expérience unique.
Nous avons à présent 6h d’avance sur la France et sommes enfin sur le continent asiatique. Les yeux occidentaux ne mentent pas et ont doucement laissé place, au fil des kilomètres vers l’Est, à ces paupières épicanthiques nous rappelant que la Mongolie n’est plus qu’à quelques lieux d’ici !
Irkoutsk. La ville qui vous donne la sensation d’être au bout du monde. Nous rejoignons notre couchsurfer et nous reposons pendant 2 jours, et ils s’annoncent compliqués.
Au soir, je suis pris de douleurs assez fortes à l’estomac. Je décide de me rendre à l’hôpital. Un conseil : Ne tombez JAMAIS malade à Irkoutsk. Nous appelons un hôpital, il ne répond pas. Nous en appelons un deuxième, ils répondent, mais ne parlent pas anglais. Nous appelons un centre international, ils sont fermés. Nous appelons le 112, ils ne se déplacent pas et ne parlent pas anglais. Nous appelons des cliniques, tout est fermé, et certaines définitivement. Aucun moyen d’avoir de l’aide. Vous pouvez littéralement mourir sur place, personne ne viendra vous aider.
On décide de se rendre à pied dans une clinique privée…la personne à l’entrée nous dit que la clinique a mis la clé sous la porte. Super. Y a-t-il moyen de se faire soigner quelque part dans cette ville de 600 000 habitants ?
Nous essayons le dernier hôpital. Ce dernier est détruit, insalubre, malodorant, des déchets jonchent le sol de l’hôpital… Nous arrivons et demandons de l’aide avec google traduction. La personne nous fait asseoir et le chef de service revient vers nous en traduisant ceci : « Ce que vous avez pourrait être contagieux, nous n’avons aucun spécialiste pour les problèmes intestinaux, vous devez vous rendre à cette adresse immédiatement, vous pouvez contaminer d’autres personnes ».
Moi, contaminer quelqu’un ? Ont-ils seulement vu l’état de leur hôpital ? Je ne sais pas ce qui me désespère le plus : le fait qu’ils disent que je sois contagieux, ou le fait qu’il n’existe pas de gastro-entérologue dans un hôpital général.

Énervés par la situation, nous nous rendons dans le « centre spécialisé ». Nous mettons 30 bonnes minutes à en trouver l’entrée, le centre ressemblant à une usine de démantèlement de voiture. Nous sommes reçus par une docteure qui, après avoir entendu mes problèmes, affirme haut et fort « C’est un souci avec l’eau ».
« Mais madame, vous ne m’auscultez pas » ?
« Non. » Vous avez eu de la fièvre ?
« Non ».
« Donc c’est l’eau sûrement ».
Elle m’écrit une ordonnance, tout est expéditif et réglé en 5 minutes.
Je n’aurai pas le droit à mes analyses, et les médicaments s’avéreront être un cuisant échec, mon problème nécessitant une prise en charge bien plus sérieuse, en Mongolie.
Avoir une assurance santé est inutile ici, c’est incroyable. Le problème n’est pas le prix des soins. Le problème, c’est de trouver quelqu’un pour vous soigner.
Dans tous les cas, cela ne m’empêche pas de prendre du plaisir dans le voyage, et de sourire malgré cet inconfort ! « Il y a pire » !




Nous retrouvons nos amis du Transsibérien pour partager un dernier verre et continuer notre chemin chacun de notre côté !
Au lendemain, nous partons faire nos visas Mongols, c’est très rapide et expéditif, nous payons 10 000 roubles, soit 130 euros pour nos deux visas, à venir chercher 2 heures plus tard. Nous sommes les seuls, aucune queue.
Nous expérimentons notre première tentative d’agression, un véritable Get-apens réalisé à notre encontre.
Voulant rejoindre notre hôte, je réalise qu’un homme colle à la gauche de Sehriban. Je ne m’emporte pas, il s’agit sûrement d’une fausse impression. Nous continuons de marcher et je demande à Sehriban de s’arrêter. L’homme nous dépasse et s’arrête 10 mètres plus loin, et me jette discrètement un regard. J’informe Sehriban que l’homme est louche. D’autant qu’il semble avoir une arme sur lui, au vu de la forme présente sur son sac vide.
Il s’agit peut être encore d’une impression, dans le doute, nous reprenons notre route et dépassons l’homme qui reprend également sa marche. Nous nous arrêtons de nouveau, l’homme s’arrête. Je l’observe, il me jette des regards stressés. Nous reprenons notre marche, il fait de même.
Arrivés à un passage piéton, nous traversons et je demande à Sehriban de s’arrêter, nous n’iront pas plus loin, la petite ruelle que nous devons emprunter est trop étroite pour s’y engoufrer avec un potentiel agresseur. Je m’arrête net, l’homme s’arrête et me fixe. Je lui demande en anglais :
« Bonjour ? »
« Bonjour, vous êtes perdus » ?
« Non, on est pas perdus, par contre, je vous observe depuis 20 minutes, vous nous suivez » ?
L’homme s’emporte.
« Pas du tout, je ne vous suis pas, je suis juste en train de me promener ».
Il sort son téléphone et appelle quelqu’un. Nous restons sur place sur cette ruelle passante. 10 minutes plus tard, 2 personnes apparaissent au coin de la ruelle que nous devions emprunter, téléphone à l’oreille, nous observant au loin, assurément au téléphone avec l’individu se trouvant en face de nous.
Nous restons sur place 10 minutes, et l’homme agacé rejoint ses deux acolytes avant de disparaître dans la ruelle.
Il est évident de comprendre que les 3 personnes voulaient nous bloquer dans la ruelle pour nous dépouiller de nos affaires. Pas de chance pour eux, nous avons tout notre temps et n’aurions pas hésité à patienter 5 heures en plein milieu de la rue.
Nous faisons un détour de 1 kilomètre et contournons le quartier pour ne pas recroiser ces individus. Notre hôte nous expliquera que le quartier n’est pas sûr, nous l’avions compris.
C’est un des problèmes du voyage en stop et à pied, on peut vite se retrouver dans un quartier très mal fréquenté en voulant simplement traverser une ville. En temps normal il n’y a aucun problème, mais avec un gros sac à dos de 70 litres sur le dos, cela peut vite attirer les regards. Il s’agit de notre première mauvaise expérience en 6 mois, et avec un peu de lecture de notre environnement, nous passons aisément au travers de cette tentative de vol. Cela aurait tout aussi bien pu arriver à Paris, et n’est en rien spécifique à la Russie.

Le lendemain, nous devons rejoindre l’île d’Olkhon, la plus grande île du lac Baïkal…ce même Baïkal, la plus grande réserve d’eau douce liquide à la surface de la Terre, la « Perle de Sibérie »… Son volume d’eau représente environ 260 fois celui du lac Léman, soit autant que la mer Baltique ou que les cinq Grands Lacs nord-américains (Lac-Supérieur, lac Michigan, lac Huron, lac Erié, lac Ontario) réunis et approximativement 20 % du volume mondial d’eau douce retenue dans les lacs et les rivières, rien que ça !

Inscrits par l’Unesco en 1996 au patrimoine mondial pour sa richesse écologique, ces « Galápagos de la Russie » ont produit une des faunes d’eau douce les plus riches et originales de la planète, qui présente une valeur exceptionnelle pour la science de l’évolution. On y recense 1 550 espèces animales et plus de 600 espèces végétales ; près de la moitié des espèces du lac sont endémiques (comprenez qu’elles ne se trouvent que dans ce lac et nul part ailleurs), comme le coméphore baïkal.
On a trouvé plus de 250 espèces de crevettes d’eau douce dans le lac Baïkal, ce qui représente le tiers de toutes les espèces de crevettes connues.
Le lac accueille aussi la seule espèce de phoque vivant exclusivement en eau douce : le phoque du lac Baïkal ou nerpa, qui représente le superprédateur de l’écosystème du lac.
Nous prenons un petit bus local qui nous amène, après avoir été bousculés dans tous les sens par l’absence totale de route, sur l’île de Olkhon, et plus précisément dans le village de Khoujir !
Nous découvrons ce village avec émerveillement ! Comme une sensation de s’être subitement trouvés à l’autre bout du monde…Un peu de marche nous amène rapidement à un endroit très singulier et rempli d’énergie…la « Shaman Rock ». Dans les mythes et les légendes bouriates, Olkhon est l’habitat des esprits terribles du Baïkal ; selon les légendes le Khan Hoto Babai est descendu du ciel sur l’ile d’Olkhon, envoyé sur la Terre par les dieux supérieurs où il vit sous l’aspect d’un aigle royal à tête blonde. Son fils le Khan Houbou Noion est le premier homme à être devenu un chaman. Depuis, l’île d’Olkhon est considérée comme le centre sacré du monde des chamans du nord, et le centre suprême est représenté par le rocher des chamans. Les corps des chamans y étaient autrefois brûlés.
Les fameux totems chamaniques et les foulards laissés au vent ne laissent place à aucun doute, nous sommes sur un lieu rempli d’histoire et d’énergie.

Nous installons notre campement au bord du lac Baïkal, et pour une fois, nous ne prenons pas le temps de déposer notre nourriture dans un arbre à quelques centaines de mètres et pour cause : aucun arbre en vue. Eh bien..il aura fallu d’une fois…

En pleine nuit, notre tente fait l’objet d’une attaque d’un carcajou. Installés au bord du lac Baïkal, nous sommes réveillés par la tente qui tremble. Je me lève, et observe dans l’abside de la tente cet animal qui me fixe. Je tente de faire bouger la tente et de faire du bruit, l’animal se met en posture défensive et nous grogne dessus à travers la moustiquaire. Pas fiers, on fait le mort et ne faisons plus aucun bruit. Il en voulait visiblement aux œufs durs dans notre sac.
Il s’empare de la boite entière et s’enfuit subitement sans demander son reste.
Nous apprenons par la suite que cet animal s’attaque aux ours et est extrêmement agressif, on a eu chaud !
Nous sommes attendus par Sergueï, un Russe installé sur la colline surplombant le village de Khoujir. Sergueï est sonneur de cloches à ses heures. Il entretient une religion chrétienne très forte et semble totalement dévoué envers son prochain. Sa longue barbe hirsute cachant son sourire trahi par son regard…
Sergueï est également philosophe et linguiste, ne pouvant s’empêcher de déterminer l’origine de chaque mot, de chaque nom.
« Bonjour Sergueï, moi c’est Terence » !
« Terence, la terre », c’est beau ! »
« Et moi c’est Sehriban » !
« Sehriban, Sehriban…Cherry-Autobahn, Cherry-ban : La route des cerises.
Le ton est donné, me voilà Terre et Sehriban une route des cerises !
Sergueï gère depuis une quinzaine d’années un projet qu’il a intitulé Philoxenia, du latin Philo (aimer) et Xenia (Hospitalité). L’antonyme de la xénophobie. Il accueille chez lui, dans sa petite fermette, des voyageurs du monde entier, gratuitement, en échange de quelques heures de travail. Certains restent 6 mois, d’autres comme nous une petite semaine.
Le travail est totalement libre, Sergueï nous accorde une totale confiance et laisse libre cours à notre imagination.
« Votre travail, c’est d’améliorer ce lieu, de laisser votre trace, d’y imprégner votre énergie. »
Ne voulant pas travailler inutilement, et préférant aider concrètement Sergueï, j’arriverai à lui faire lâcher discrètement un souhait : « Cela fait quelques années que j’aimerai installer un portail ici, mais les voyageurs ne se lancent pas dans ce chantier, moi je n’ai pas le temps malheureusement…je vous laisse, je dois aller travailler, à bientôt ! »
C’est dit, nous allons construire un portail. Nous rassemblons toutes les planches de bois nécessaires avec Sehriban, des charnières, scie, perceuse visseuse, etc. et commençons à scier la clôture en bois pour y installer un portillon.
Cette porte servira à faire entrer les voyageurs directement sur le terrain où se trouve les tentes et la maison des voyageurs, et évitera de devoir contourner l’intégralité du domaine pour entrer, chose que nous faisions avant.
Après une petite journée de travail, quelques coups de scie, de marteau, de mise à niveau du sol, la porte est crée, et c’est un gain de temps formidable que d’emprunter cette dernière pour nous rendre dans le village.
Sergueï semble comblé, c’est d’après lui une porte vers une nouvelle dimension qui s’ouvre aujourd’hui !

Nous passerons quelques jours dans cette fermette à échanger, jouer de la guitare autour du feu, et bien sûr nous promener sur l’île…
L’île est remplie de chiens, et un d’eux s’amourachera de nous jusqu’à nous suivre littéralement partout sur l’île lors d’une randonnée le dernier jour. Un dernier jour qui sonne également l’arrivée d’un défi personnel que je m’étais fixé avant le départ : me baigner dans le Baïkal !
Problème, l’eau est à 8 degrés, mais surtout, un vent glacial nous fouette le visage. Pas le choix, nous devons le faire ! La légende dit que quiconque se baigne une fois dans le lac Baïkal connaît le bonheur jusqu’à la fin de ses jours. La promesse est grande, la promesse est alléchante… Encore faut-il se déplacer au fin fond de la Sibérie, et une fois sur place, braver l’hydrocution, chose que nous faisons, avant de nous rhabiller aussi vite que nous ne l’ayons jamais fait !

Le lendemain, il est temps de quitter l’île ! Nous avons du temps devant nous, notre visa se termine dans deux jours, nous levons donc nos pouces pour rejoindre Irkutsk et rempruntons le Transsibérien pour la dernière fois pour rejoindre la capitale mongole : Ulaan Bator.

37 Comments
Bonjour, merci pour votre récit.nous ne pourrons non plus faire le visa Chine avant notre départ pour le transsiberien et envisageons aussi de le faire à Moscou.
Vous y aviez pris rdv ? Quels documents vous ont été demandés? Vous avez pu dialoguer en anglais sur place ?
Merci grandement pour votre retour
Hello Flore !
Nous n’avions pas pris RDV, nous sommes directement allé à l’ambassade et avons fait les papiers sur place.
Les documents demandés sont ceux habituels, tu pourras trouver toutes les informations sur https://www.tourdumondiste.com/visas-chine
Nous avons pu dialoguer en anglais sur place, aucun soucis !
Bon voyage à vous !
Terence
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