Nous continuons notre aventure en nous enfonçant toujours un peu plus en Europe Centrale et arrivons en Slovaquie, petite sœur de la Tchéquie, formant toutes deux la Tchécoslovaquie avant 1992.

Sauvés par notre conducteur, nous arrivons finalement à Trnava, surnommée la Rome de Slovaquie en raison de ses innombrables églises. Nous rejoignons notre hôte Tomas, qui s’absentera le lendemain matin et nous laissera les clés de sa maison pour 2 jours, rien que ça ! La confiance du réseau couchsurfing est vraiment incroyable !

Après de longs échanges autour de bonnes bières slovaques, nous nous endormons, pas peu fiers de cette journée de stop !

Le soleil se lève en même temps que nous. Nous avons pris l’habitude de nous réveiller assez tôt pendant ce voyage, et c’est généralement aux alentours de 6H30 que nos yeux s’ouvrent…ce qui ne nous empêche pas de fainéanter jusque 8h ! Après un copieux petit déjeuner, nous marchons en direction du centre.

Cette ville est connue pour être la plus vieille ville de Slovaquie, historiquement, on sait que les lieux étaient déjà occupés avant l’arrivée des Celtes et des Romains. La vieille ville est entièrement protégée de remparts et nous prenons beaucoup de plaisir à nous y promener.

Nous avions « prévu » avec Sehriban de nous accorder un petit plaisir : un repas vietnamien. Sur les conseils de notre hôte, il est possible de manger un repas complet vietnamien, fast food local très populaire remplaçant nos kebabs.

« Prévu ».

Prenant soin de mettre la carte bancaire dans ma poche pour tirer quelques billets dans un ATM, cette dernière a tout simplement décidé de se faire la malle pendant notre marche. Plus de carte bancaire. Tenter de la chercher en faisant le chemin inverse fut vain, c’était terminé, elle aussi était partie voyager.

Il n’y a pas mort d’homme, nous en commanderons une autre dans une prochaine ferme et en attendant, nous avons la carte de « secours » ! Un problème, une solution !

Nous nous contenterons de cuisiner un peu en rentrant en faisant quelques petites courses.

Nous découvrons une chose assez surprenante : le coca-cola local, le « Kofola » !

À la manière de notre célèbre Breizh Cola, le cola du Phare Ouest, nous pouvons trouver ici le dérivé de cette boisson. À la différence qu’il s’agit d’un « coca communiste ». En effet, la célèbre entreprise aurait fait faillite dans cette région. Les habitants étant trop attachés à leur boisson « circuit-court », ils s’opposent formellement à l’achat de la marque officielle, obligeant cette dernière à aller chercher clients ailleurs. L’idée me plait de voir que les actions groupées suffisent à faire plier genou au capitalisme.

Entre autres, le Kofola est une boisson composée de 14 plantes médicinales utilisée historiquement comme médicament. C’est très bon, à condition de le voir comme une boisson à part entière et non pas en le comparant à son analogue.

Le cola communiste !

Le lendemain, nous reprenons notre route en direction de Cerovo où nous attendent Bernadette, Arnold et leur fille Katinka pour une petite semaine d’aide à la ferme.

Nous entamons le stop à la sortie de Trnava, et après une petite heure d’attente, c’est Martina qui s’arrête et nous propose de monter. Sur notre carton est indiqué : « Direction Nitra », qui est la première ville en direction de Cerovo, à quelques 100 kilomètres de notre destination. Martina est un ange tombé du ciel. Se rendant à 50 kilomètres de notre destination, elle nous propose de faire un détour pour nous lâcher exactement où l’on veut. Gênés de cette proposition, nous acceptons quand elle nous indique être commerciale et faire énormément de route avec sa voiture de fonction.

Direction Nitra !

Nous ne sommes pas au bout de nos surprises. Après de longues discussions, nous apprenons que Martina est une passionnée de moto. Elle a voyagé partout dans le monde avec son deux-roues, toujours seule, et c’est ainsi qu’elle nous confie avoir traversé l’Irak et la Syrie en moto, en dormant dans sa tente la nuit dans les campagnes, malgré les guerres omniprésentes.

Une bouffée d’inspiration pour cette aventurière qui continuera son discours dans lequel je me retrouve complètement : « Les gens ont peur de choses qu’ils n’ont vues qu’aux informations. Il y a certes du danger, le danger est partout, mais il est surtout dans ta tête. Les gens que j’ai pu rencontrer dans tous mes voyages sont profondément bons, et je ne me suis jamais sentie en danger en voyageant seule. Il n’y a pas de danger, il n’y a que le mauvais endroit, au mauvais moment, et ça, c’est partout autour du monde, en France également. »

Elle ouvre sa boite à gant, remplie de nourriture, attestant d’une femme passant énormément de temps dans sa Skoda.

Elle sort une flasque de Palinka, alcool local.

« Tenez, buvez, c’est de la médecine locale, ça fait partir tous les maux ! »

Amusé de cette phrase oh combien commune dans ces pays, je me brûle la bouche avec cet alcool à 60 degrés et Sehriban m’accompagne dans cette mutilation goûteuse.

Elle nous offre chocolats, jus d’orange frais, thé, et c’est complètement rassasié qu’elle nous dépose à destination.

Décidée à nous combler de cadeaux, elle nous serre dans ses bras en nous offrant une flasque de Palinka, non sans rajouter « Prenez cette médecine avec vous, et faites attention sur la route ! »

Nous patientons une petite heure et Arnold nous salue au loin, nous invitant à monter dans sa camionnette pour rejoindre sa ferme dans la campagne très profonde de Cerovo.

A notre arrivée dans la ferme !

S’enfoncer dans les campagnes est un plaisir indescriptible pour moi. Nous traversons une forêt pour découvrir la petite ferme-camping. Nous rencontrons Bernadette et sa fille Katinka. Arnold nous fait visiter les lieux et nous croisons chèvres, moutons, chiens, chats et chevaux. Je suis dans mon élément ! Nous logerons la semaine dans une magnifique petite roulotte aménagée d’un rocket-stove, d’une cuisine et de tout le nécessaire. Cette semaine s’annonce reposante !

Notre roulotte, maison sur roue pour la semaine !

Le deal reste le même que dans la plupart des fermes : 4-5 heures de travail que nous répartissons à notre guise dans la journée en échange du gîte et de la nourriture. C’est toujours un plaisir de manger dans les fermes. Si la nourriture n’est pas forcément représentative du pays, nous mangeons au moins des produits de la ferme locaux, et c’est un régal. Les soirs, nous prenons plaisir à nous prélasser à deux devant un bon feu.

Bernadette et Arnold sont hollandais. Ils ont vécu pendant 10 ans au Mali où ils travaillaient dans le développement. Ils ont décidé de s’installer en Slovaquie après avoir été dégoûtés du fonctionnement et des échanges monétaires des ONG, associations et organismes « censés » aider au développement. « It’s all about the money ».

Ils ont acheté leur ferme sur un coup de tête, sans même visiter la maison, en achetant simplement sur internet directement du Mali. Courageux…ou inconscients selon moi.

Après avoir tenté différents systèmes pour gagner leur vie en Slovaquie, ils ont décidé de créer un camping, et c’est ainsi qu’après plusieurs années, ils sont devenus le camping-ferme le plus populaire de Slovaquie.

Le principe est assez simple, et le public assez ciblé : les gens de la ville.

En effet, le concept veut que vous puissiez poser votre tente, bénéficier de tout le matériel pour cuisiner, laver vos vêtements, etc. et pouvoir cueillir par vous-même vos légumes dans les potagers, et ce, sans limite. Une bouffée d’air pour les gens de la ville qui s’en donnent à cœur joie et prennent plaisir à se sentir jardiniers le temps de quelques semaines.

Ils produisent également leur propre fromage et ont crée des partenariats avec les artisans voisins comme les apiculteurs, producteurs de viande, de bière et ainsi, vendent aux campeurs des produits locaux en circuit court, tout le monde y trouvant son compte.

J’adhère au concept, c’est bien vu !

Nourrir les chevreaux : Que du plaisir !

Le travail consistera en la mise en place du camping pour la haute saison, la préparation du potager et différentes tâches, assister la naissance des petits chevreaux, etc.

Une très belle semaine de repos les tâches étant vraiment simples, nous avons tout notre temps pour marcher dans les campagnes, faire des randonnées et nous allonger le soir autour d’un bon feu !

Le feu, notre meilleur ami pendant ce voyage !

La semaine s’achève et nous décidons de remonter tout au nord de la Slovaquie avec un objectif bien cerné : randonner dans le parc National du Paradis Slovaque. Nous abandonnons donc notre petite roulotte pour retrouver le confort spartiate de la nature, celui que je préfère !

Adieu la roulotte ! Place à la tente et aux imprévus !

Passionnés de randonnées, il ne nous a pas fallu longtemps pour nous décider à rejoindre ce parc National après avoir entendu des globe-trotters randonneurs dire que cette marche était dans le top 3 des plus belles randonnées qu’ils aient fait autour du monde.

Nous avalons presque 300 kilomètres pour rejoindre Spišská Nová Ves et c’est un paysage véritablement contrasté dans son relief que nous découvrons. Les Carpates s’étalent sur plus de la moitié nord du pays et l’on aperçoit les hauts sommets des Tatras que nous irons explorer certainement plus tard lors de notre passage en Pologne. Les lacs et les vallées sont légion et c’est un régal pour les yeux que de progresser au sein de cette nature verdoyante.

Seuls les vieux blocs d’appartements d’anciens travailleurs et les coopératives agricoles, présents dans chaque village et derniers souvenirs du communisme, viennent ternir le paysage et le charme des campagnes.

Les blocs d’appartements de travailleurs présents dans les villages, souvenir du communisme.

Arrivés à Spišská Nová Ves, nous nous reposons le soir, prêts à en découdre avec cette marche le lendemain matin.

(La sonorité et la symbolique des noms des villes sont capitales dans la construction des rêves d’aventure. Ici nous sommes servis !)

Nous partons à 8h00 du matin et entamons le stop pour rejoindre l’entrée du parc National. Nous arrivons à Spišský Štvrtok non sans étonnement. En effet, c’est comme si nous avions changé de pays subitement, les habitants de la ville sont subitement très foncés de peau. Nous sommes abasourdis avec Sehriban, et nous apprenons par un local que c’est une ville entièrement composée de Tziganes. Les Tziganes habitant en République tchèque et en Slovaquie forment, de facto et de jure, une minorité ethnique. Ils sont parfois décrits comme une minorité du passé, mais ils représentent toujours sans aucun doute le groupe minoritaire le plus large et le plus reconnaissable. Ils diffèrent considérablement du reste de la population par leur vie sociale, économique et culturelle et par leur comportement démographique. Ces différences proviennent non seulement de leur histoire marquée par un lointain passé extra-européen, mais aussi de leur isolement après leur immigration en République tchèque et en Slovaquie. Leur nombre a augmenté de manière significative après la Seconde Guerre mondiale. La Slovaquie compte 600 ghettos dans lesquels vivent les deux tiers des 500 000 Tziganes du pays.

Nous nous rappelons alors de la phrase d’un conducteur slovaque : « Faites attention dans le Parc National du Paradis slovaque, il y a des Tziganes partout, si vous dormez dans votre tente, faites très attention à vos affaires, il y a des vols tous les jours et de très nombreuses plaintes. »

Nous apprenons qu’ils ne sont vraiment pas appréciés par les Slovaques, bien que présents dans tout le pays, mais sont tout de même tolérés dans les villes et vivent sans être excentrés comme ils le seraient en France.

Espérons que nous serons pris en stop par cette communauté, j’aimerai en apprendre plus sur leur condition et leur présence ici.

Après avoir traversé Spišský Štvrtok, nous arrivons à l’entrée du Paradis slovaque, et il porte bien son nom. Pleine vue sur les Tatras, nous entrons dans le parc, et réglons les 1€50 de droit d’entrée. Prix dérisoire pour entrer au paradis !

Pleine vue sur les Tatras, ça en jette !

La randonnée était tellement époustouflante, tant au niveau des paysages que de l’effort fourni que Sehriban a décidé d’en faire une nouvelle rubrique : Les randonnées autour du monde. Les détails de la Randonnée du parc National du Paradis slovaque sont disponibles ici !

Le parc national dans toute sa splendeur !

Après une belle journée d’efforts, nous retournons à Spišská Nová Ves pour nous reposer et rejoindre la Hongrie le lendemain. Nous ajoutons un défi à ce chemin : traverser le parc National en voiture. Au vu de l’état des petites routes, c’est un défi de taille, que nous engageons au matin avec beaucoup d’enthousiasme.

Nous enchainons les voitures et les villages pour la plupart détruits, ressemblants à des bidonvilles, habités essentiellement par des Tziganes et contrastants avec les magnifiques paysages du parc National. Nous sommes régulièrement déposés dans ces villages et pas une seule fois nous ne nous sentons en danger, la plupart des enfants très curieux de voir deux étrangers, viennent à notre rencontre. Les Slovaques ont visiblement beaucoup d’idées reçues, (à l’instar des Français, je vous vois venir.)

Un petit problème d’ordre personnel viendra noircir le tableau pour Sehriban : Foncée de peau, elle subira quelques fois d’incessantes questions des conducteurs qui la regarderont d’un air sceptique quand elle dira être Française. S’ajoutera à cette lourdeur le fait que dans les villages tziganes, peu de voitures s’arrêtent quand ils nous voient le pouce levé, ce qui n’a pas amélioré l’humeur de Sehriban qui pense que c’est de sa faute.

Nous parvenons tout de même à avancer et rejoindre la frontière hongroise non sans difficulté, à la tombée de la nuit. Nous avançons à pied et nous trouvons à 2 kilomètres de la frontière quand nous décidons de planter notre tente.

Nous apprenons par un local que les « parias » survivent grâce aux aides du gouvernement, qui sont minimes, puis volent du cuivre et tout ce qu’ils peuvent trouver. Fort de ce préjugé, ou plutôt du bon sens de savoir cela, il nous faut trouver un endroit bien caché pour dormir et sécuriser nos affaires (comme à notre habitude peu importe l’endroit) de nombreux Tziganes nous entourant dans tous les villages que nous traversons.

Nous nous trouvons sur une route en pleine forêt, et nous sommes observés avec beaucoup d’insistance par les Tziganes qui nous dévisagent avec moins de bienveillance que pendant l’après-midi. Est-ce la tombée de la nuit ? Est-ce une fausse sensation liée à l’obscurité environnante ?

Nous attendons un moment où personne ne nous regarde pour nous enfoncer en courant dans un sous-bois menant à une gare abandonnée, au milieu de nulle part, sans âme qui vive, lieu parfait pour y dormir en temps normal !

Problème…Sehriban me demande de me retourner après avoir vu quelqu’un. Je me retourne, et un homme nous suivant tourne d’un coup sur lui même subitement et marche en sens inverse, l’air de rien. On ne lui aurait pas donné d’Oscar pour sa piètre interprétation, les mains dans les poches, de la personne innocente.

Nous sommes bel et bien suivis. Nous ne pouvons pas dormir ici, il nous faut continuer. Dans la nuit noire, lampe sur le front, nous progressons le long de rails abandonnés et posons notre tente loin des sentiers battus, dans une autre forêt, après avoir pris soin d’être loin de toute activité humaine.

Un petit repas chaud en tentant de minimiser la lumière émise, nous nous endormons entourés des bruits de renards, de sangliers et d’autres animaux curieux de rencontrer cette étrange toile grise au milieu de nulle part. Demain, nous devons rejoindre la Hongrie !

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