Fini la pluie, place au soleil, à la chaleur étouffante, pour un très long moment.
Nous passons enfin la frontière lituanienne et entrons dans la triade des pays bordant la mer Baltique ! Nous ne pouvons malheureusement pas nous attarder en Lituanie et en Lettonie, le visa russe étant particulièrement compliqué à obtenir à l’étranger, nous devons rejoindre rapidement une agence dans la capitale estonienne Tallinn pour réaliser ces derniers et arriver dans les temps au sud de la Russie pour l’ascension du mont Elbrouz en autonomie, le toit de l’Europe, la météo se corsant sévèrement à plus de 5000 mètres d’altitude dans la seconde moitié du mois d’août.
Nous traversons ainsi la Lituanie en 2 jours, nous arrêtant visiter la ville de Kaunas (prononcé connasse, assez étrange de dire « connasse » aux conductrices qui nous demandent où l’on veut aller (rires)).

Nous sommes amenés par le plus grand des hasards, à être déposés au pied d’un lieu de pèlerinage très populaire : La Colline des Croix. La vraie raison de l’existence de cette colline est ancrée dans l’histoire de la Lituanie. Au cours des siècles, l’endroit s’identifia à la résistance pacifique des Lituaniens catholiques en dépit des menaces auxquelles ils ont dû faire face à travers leur histoire. De nombreuses personnes perpétuent la tradition en venant y déposer une croix, un chapelet, et participent à la vie de ce lieu tout aussi étrange que fascinant.
Nous parvenons en Lettonie rapidement, et nous arrêtons à Riga, la capitale, où nous sommes attendus par nos amis et hôtes Martins et Lolita avec qui nous visitons une partie de la ville. Nous apprenons par la même occasion le soir que les parents de Sehriban aimeraient nous rejoindre pendant une petite semaine à Tallinn, et récupérer Deniz en même temps pour la fin de ses vacances.
En plein centre de la vieille ville se déroule une exposition sur la tolérance et l’acceptation d’autrui, représentée par des sculpture d’ours à taille humain et décorées selon les coutumes locales de chaque pays du monde. Tous les pays y sont, sans exceptions, et les centaines de peintures donnent un caractère joyeux à cette place tout en faisant passer un message très fort.


Nous quittons Riga au matin, et allons découvrir le pays le plus facile de notre voyage pour pratiquer l’autostop : L’Estonie.
Incroyable. Comme un autre univers, l’autostop, bien que pas très répandu en Estonie (nous n’avons croisé que deux autostoppeurs en plus de 2 semaines) est ridiculement aisé. Nous n’attendrons pas une seule fois plus de 2 minutes, chronomètre en main. Nous sommes 3 personnes, avec 3 sacs à dos de 70 litres, aucun problème.
L’explication étant pour moi la promiscuité avec les forêts. Ces dernières couvrent plus de 50% de la surface du pays. Toutes les routes que nous empruntons les traversent, et qui dit forêt, dit animaux, et qui dit animaux, dit…rouler plus lentement. Il est si facile de lever son pouce, peu importe l’endroit où l’on nous dépose, inutile de chercher un ralentisseur, une intersection ou autre. L’Estonie arrive incontestablement dans notre top 1 des 13 pays traversés, juste devant la Roumanie, en termes de facilité de stop.
Dans cet élan, nous parvenons à Tallinn, capitale de l’Estonie très rapidement, à bord d’un poids lourd piloté par notre nouvel ami roumain que nous appellerons Marc pour protéger son identité de ce qui va suivre. Un homme au grand cœur, activiste qui se bat contre le gouvernement roumain qu’il dénonce comme corrompu.
« Le gouvernement roumain se met tout l’argent dans sa poche. Il ne reste rien pour le pays. Je suis très actif sur les réseaux sociaux, et le gouvernement me fait pression pour que j’arrête. Ils vont jusqu’à envoyer des voitures devant chez moi avec des personnes qui observent ce que je fais. Nous voulons nous battre. Nous battre contre cet état corrompu, il n’est pas normal de travailler toute la journée, toute la semaine, pour gagner 350 euros par mois, quand la vie nous coûte le triple tous les mois. »
Un discours qui nous rappelle celui de Anastasia, en Moldavie.
Pour survivre à côté de son travail de conducteur de poids lourd qui l’amène à effectuer 3 fois par semaine le trajet Roumanie-Finlande en camion, Marc gère un petit business au noir : Il achète en Lettonie plein de bouteilles d’alcool à prix cassé, qu’il revend en Finlande, pays où l’alcool est extrêmement cher. Cela lui permet de compléter ses fins de mois.
Après avoir acheté ses bouteilles d’alcool, Marc nous propose d’aller avec lui en Finlande. Nous lui expliquons que nous voyageons sans dépenser d’argent pour les transports, il nous indique pouvoir nous cacher dans son camion pour nous rendre en Finlande via le ferry. Nous avons quelques jours de marge avant de réaliser nos visas et pouvons nous autoriser cette petite escale.
Entrer illégalement sur le territoire Finlandais semble plutôt facile et peu risqué. J’accepte, son offre, mais avec une idée précise en tête : Essayer d’entrer par la grande porte en pratiquant notre premier bateau-stop.
Nous arrivons à Tallinn à 21h30, le prochain ferry est à 22H30. Marc ne croyant pas une seule seconde à la faisabilité d’un bateau-stop nous propose de nous payer le billet pour la Finlande. La générosité roumaine à laquelle nous étions habitués refait son apparition. Il est cependant hors de question de laisser notre ami nous payer le trajet.
Je sors du camion accompagné de Marc qui m’amène au guichet de la compagnie Viking-Line permettant d’obtenir des tickets. Une femme à l’air peu aimable m’observe, je tente le tout pour le tout.
« Bonjour, je vais vous embêter 2 petites minutes, il faut que je vous explique quelque chose. Ma femme et moi voyageons tout autour du monde en autostop et à pied. Nous avons parcouru 12 000 kilomètres pour venir jusqu’ici, et nous avons rencontré notre ami Marc qui doit se rendre en Finlande avec son camion. Nous aimerions beaucoup nous rendre à Helsinki pour visiter la ville quelques jours, mais nous ne pouvons pas payer pour le trajet. Nous sommes prêts à travailler sur le ferry, prêts à nettoyer les toilettes et même à faire la plonge pendant tout le trajet, avec plaisir ! »
Elle me regarde étonnée : « Désolé, je n’ai pas le pouvoir de vous donner un ticket gratuitement… » ce sur quoi j’enchaîne : « Est-il possible de discuter une petite minute avec quelqu’un ayant la possibilité de nous faire continuer notre voyage » ?
« Désolé, ma chef n’est pas là, et puis même si elle était là, il faudrait envoyer un mail à la société, faire une demande en bonne et due forme et même s’ils acceptaient votre requête, il y aurait un délai de plusieurs jours, vous ne pourriez pas partir ce soir. »
Je tente l’humour.
« C’est tellement dommage, nous allons donc devoir trouver une barque et ramer jusqu’à Helsinki…Avez-vous un peu de temps ce soir après votre travail pour venir nous aider à ramer un peu ? »
Elle rigole, et interpelle une femme à ses côtés qui semble être la fameuse chef absente. Cette dernière se présente à moi et je réitère toute ma demande. Elle me demande combien nous sommes, je lui explique que nous sommes 3 avec Deniz. Elle me demande quand nous voudrions revenir.
Revenir ?
Comme si ce n’était pas assez, elle accepte de nous donner 3 tickets de retour pour la date de notre choix ! Je choisis le 26, quatre jours plus tard.
Je présente les passeports de tout le monde, ça y est, nous avons nos 3 tickets allez-retour !
Marc n’en revient pas. Il parle avec le ciel et me dit que je suis sous une bonne étoile.
Merci l’étoile !

Nous revenons dans le camion et laissons nos affaires dedans pour rejoindre l’entrée piétonne, Marc rentre quant à lui avec son bolide directement. Nous nous retrouvons une heure plus tard sur le ferry et nous découvrons avec stupeur une boite de nuit flottante dionysiaque. Le soir, ce ferry se transforme en véritable capharnaüm et pour cause : l’alcool n’y est pas cher et les gens en profitent pour passer la nuit à faire la fête sur l’eau. Beaucoup prennent le ferry…pour rester sur le ferry. Nous croisons au sol des personnes alcoolisées, une impression de bordel flotte dans l’air. Marc nous confirmera notre impression en nous indiquant qu’il arrive que des femmes prennent la main de parfait inconnu pour s’isoler dans une cabine. Certainement pas pour boire une bière d’après lui.
De notre côté, nous préférons le calme venteux de l’extérieur.

Vers minuit et demi, le ferry arrive au port d’Helsinki et Marc nous dépose dans un petit hostel que nous sommes parvenus à réserver pas cher, ne voulant pas chercher d’endroit où poser la tente à une heure du matin.
Au petit matin, il est l’heure de trouver notre future maison pour les 4 prochains jours ! Nous trouvons en regardant sur une carte, une presqu’île à l’ouest de Helsinki du nom de Lauttasaari donnant directement sur le Golf de Finlande et semblant accueillir une petite plage. Nous décidons de nous y rendre, et nous faisons bien d’y aller…Un paradis sur terre. On a du mal à croire que nous sommes au milieu de la capitale.

Une plage, vide, très peu de gens connaissant cet endroit visiblement, et le peu de personnes présentes semblent être des locaux. Des douches, des toilettes gratuites, un terrain plat ombragé par des arbres, il ne manquait plus qu’un panneau écrit : « Cet endroit a été conçu pour que Les Deux Crapahuteurs plantent leur tente ».
Nous installons notre bivouac et profitons d’une journée au bord de la mer, des groupes de bernache nonnettes, ces petites palmipèdes noires venant régulièrement nous dire bonjour.

Entre les balades dans la capitale, nous rejoignons notre petit nid douillet où nous cuisinons dans notre petit stove au feu de bois.


Nous apercevons un homme, la cinquantaine, accompagnant sa fille de 7 ans à la plage. Nous les entendons parler turc, et allons à leur rencontre avec Deniz et Sehriban. Un bon moment à discuter, échanger et raconter un bout de notre histoire, Mehmet nous invite à passer le voir à son adresse le lendemain pour discuter plus longuement. Nous lui promettons de passer.
Le lendemain nous avançons vers son adresse, et stupeur, nous tombons sur un restaurant turc. Non pas les fameux kebabs injustement célèbres, mais bel et bien un restaurant proposant pléthore de plats directement issus de la gastronomie du pays des anciens ottomans.
Mehmet nous invite à nous asseoir.
« Mes amis, voici un buffet à volonté frais, s’il vous plaît servez-vous, je ne veux pas d’argent, faites comme chez vous, je vous ramène tout de suite des lahmacun que je vous cuisine. »
Des plats tout aussi délicieux les uns que les autres, nous sommes rassasiés et heureux de cette rencontre. Mehmet est expatrié en Finlande depuis 25 ans. Il possède plusieurs restaurants et son fils travaille l’été dans un autre à Helsinki.
« – Allez voir mon fils Mustafa demain, il a le même âge que Deniz, il sera heureux de vous rencontrer ».
Le lendemain, nous décidons d’aller passer le bonjour à son fils, mais nous n’avons pas le temps de quitter notre campement sur la plage que Mehmet arrive vers nous avec de gros sacs remplis de nourriture turque.
« Mangez, faites-vous plaisir et ensuite si vous voulez Deniz peut passer l’après-midi avec mon fils, ils ont le même âge ! »
Incroyable. Nous mangeons de nouveau ces délicieux mets restés dans nos esprits depuis la veille.
Deniz passe l’après-midi avec Mustafa ce qui nous permet de nous retrouver à deux avec Sehriban et de partir en mer avec une barque que nous prête gracieusement la ville pour explorer à la rame les différentes îles finlandaises. Le soir, Mehmet ramène Deniz en voiture sur notre petite plage…avec de nouveaux sacs remplis de nourriture de son restaurant.
L’humain.
Nous mettons en contact les parents de Sehriban avec Mehmet, qui invitent à venir passer un séjour en France cette famille en or pour qui le partage représente quelque chose de tout à fait banal et naturel.

Après avoir fait le tour d’Helsinki, nous passons notre dernier jour au bord de plage. Nous sommes rechargés, et prêts à rentrer sur Tallinn !

C’est le matin, direction le port d’Helsinki, 3 heures plus tard, nous revoilà dans la capitale d’Estonie !
Bateau-stop : Check !
Si nous avions su à ce moment que nous allions prendre un second bateau en autostop deux jours plus tard…
Nous décidons de nous rendre à l’ouest de l’Estonie et de tenter de prendre un ferry pour nous rendre sur l’ile de Hiiumaa. Chose dite, chose faite, nous parvenons sans problème à prendre le ferry, de façon moins officielle que la fois précédente, cette fois-ci, il s’agit d’un membre d’équipage qui nous autorise à nous asseoir sans ticket.
L’île de Hiiumaa est incroyablement calme. Aucun touriste à cette époque (la chaleur ?), peuplée essentiellement de locaux. Les découvertes archéologiques montrent que l’île était déjà peuplée 4 000 ans avant notre ère. Des fouilles récentes ont mis au jour des campements de chasseurs de phoques datant de cette époque. En hiver, l’île peut, selon les conditions, être jointe par pont de glace de 26,5 km de long sur la mer Baltique gelée.

Les transports sur l’île sont gratuits, nous permettant pendant 3 jours de visiter toute l’île en allant jusqu’au Finistère d’Hiiumaa, à l’extrême Ouest. Nous reviendrons 3 jours plus tard pour un nouveau ferry-stop en direction de Tallinn.

Tallinn. Une des plus belles villes qui m’ait été donné de voir dans ma vie, je parle bien sûr une fois encore de la vieille ville. À taille humaine, on peut aisément faire le tour de cette dernière en quelques heures. Les maisons en bois, en pierre, l’aspect médiéval conservé et très présent, les acrobates de rue, les troubadours jouant d’anciens instruments, tout est fait pour vous plonger au moyen-âge. La ville médiévale est classée au patrimoine mondial de l’UNESCO.
Peu connue des touristes, se trouve à Tallinn la plus vieille pharmacie d’Europe, datant des années 1400 ! On y trouve des anciennes potions, remèdes et gris-gris d’époque ainsi que des codex conservés et exposés. à côté de cela, la pharmacie vend des médicaments d’aujourd’hui tout en proposant certaines spécialités médicinales d’époque.




Nous trouvons un emplacement parfait pour déposer notre tente : Un parc naturel à l’extrême nord de la ville, bordant la mer. Absolument vide, l’endroit parfait pour bivouaquer. Beaucoup de personnes nous demandant comment nous faisons pour nous doucher en bivouac, nous remplissons une gourde de 5 litres quand nous passons près d’un fast-food, et ces 5 litres d’eau nous serviront de douche dans la nature pour deux. Autant dire que l’eau, nous avons appris à l’économiser plus que jamais. Chaque utilisation est réfléchie et nécessaire !
Nous allons avec Sehriban dans une société spécialisée dans la confection de Visa-Russe et nous tombons de haut : Le visa russe n’est faisable que pour les résidents estoniens. Tout le monde s’accordait, forums, amis, locaux, pour nous dire que le Visa était faisable en Estonie pour un Français…Eh bien non, c’est tout simplement impossible après vérifications. Deux solutions s’offrent à nous :
Rebrousser chemin et abandonner l’idée d’aller en Russie, j’en rigole rien qu’à l’écrire : IMPOSSIBLE !
Passer par une agence française de Visa, et envoyer nos passeports par la poste, ce que nous faisons.
Nous visiterons la ville pendant 4 jours, en attendant que les parents de Sehriban arrivent, et nos vacances par la même occasion : terminé la tente, c’est un appartement qui est loué pendant une semaine avant notre départ pour la Russie, notre entrée sur le territoire de Chapkas étant prévu le 13 si nous recevons nos visas rapidement.

La veille de l’arrivée des parents, Sehriban est prise de violentes douleurs au bas de l’estomac qui ne faisait qu’empirer depuis 24 heures. Elle se tortille, gesticule dans tous les sens, et me réveille à 2 heures du matin, le teint blanc, livide, hypotendue.
« C’est de pire en pire, ça ne va pas du tout ».
J’appelle l’ambulance, elle se fait rapidement examiner et amener à l’hôpital de Tallinn, Deniz restant avec nos affaires. Vers 6h du matin, elle ressort, épuisée, bilan : Infection urinaire très violente ! Plus de peur que de mal, un traitement mis en place lui permettra de rapidement oublier ces douleurs.
Les parents de Sehriban arrivent en même temps qu’une autre bonne nouvelle : nos visas russes sont arrivés dans le centre DHL de Tallinn, il n’y a plus qu’à aller les chercher, la suite de l’aventure se passera donc bel et bien sur le territoire des Tsars !

Pendant notre séjour avec les parents de Sehriban, nous les emmènerons de nouveau sur l’ile de Hiiumaa, toujours en stop pour le ferry, puis dans une prison située au nord-ouest de l’Estonie, Rummu Karjäär, cette ancienne prison située dans une carrière de marbre et de calcaire totalement abandonnée et qui se retrouve aujourd’hui partiellement inondée. À l’époque soviétique, dans les années 90, ces bâtiments en ruine étaient une prison et un camp de travail forcé. L’Union soviétique y envoyait les prisonniers pour travailler dans ces immenses carrières afin de récupérer le marbre et le calcaire. Depuis la fermeture de la prison, l’eau a repris ses droits et submergé les bâtiments. C’est ainsi qu’est né le site immergé de Rummu.
Nous mangerons également dans un restaurant médiéval, le Olde Hansa, sur les conseils de notre ami Ludovic Hubler. Nous avons bien fait, l’ambiance est incroyable, plongés directement dans le passé, dégustant les plats anciens au son de musiciens traditionnels, et de serveurs et serveuses habillées d’époque.


Rechargés à bloc, ces vacances nous permettent de nous relâcher, nous déplaçant grâce au monospace des parents. Nous sommes à présent en pleine forme pour l’ascension du mont Elbrouz, le véritable toit de l’Europe, culminant à 5642 mètres !
C’est au mont Elbrouz que Prométhée aurait été, selon la mythologie grecque, enchaîné après avoir offert le feu aux hommes. L’arche de Noé y aurait aussi fait escale, avant de s’échouer sur le mont Ararat. Le mont Elbrouz reflète l’image de ces légendes.
Ce dernier se trouve à l’extrême sud de la Russie, collé à la frontière géorgienne, nous comptons escalader ce titan de glace à partir du 15 août, sur une dizaine de jours et sans guide en espérant que les conditions climatiques soient avec nous !
Arriverons-nous au sommet…rien n’est moins sûr, mais on va essayer !
Nous sommes aujourd’hui le 13 août, et nous quittons l’Estonie pour lever de nouveau nos pouces en direction de la plus grande nation du monde : La Russie !
DAVAÏ ! !
9 Comments
Beau texte sur ces petits pays du nord de l’Europe sans doute méconnus
Cela donne envie…
Bonne découverte de la grande Russie! Tavarich…
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